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Pierre Hadot (né à Paris, le - mort à Orsay, le [1],[2],[3]) est un philosophe, historien et philologue français, spécialiste de l'Antiquité, profond connaisseur de la période hellénistique et en particulier du néoplatonisme et de Plotin. Pierre Hadot est l’auteur d'une œuvre développée notamment autour de la notion d'exercice spirituel et de philosophie comme manière de vivre.
Spécialiste français de la philosophie antique, notamment du néoplatonisme oriental et latin (il fait sa thèse sur Marius Victorinus et Porphyre), Pierre Hadot est né en 1922 à Paris et il passe son enfance à Reims dans une famille catholique pratiquante. Après des études de philosophie et de théologie, il est ordonné prêtre en 1942 ; déçu par l'aspect conservateur de l'encyclique Humani generis en 1950, il quittera le sacerdoce en 1952[1], avant d'épouser en 1953 sa première femme[4], avec laquelle il divorcera[5]. Il poursuit des études de lettres, et commence une formation de bibliothécaire sans toutefois la finir. De 1949 à 1964 il est stagiaire, puis attaché, et enfin chargé de recherches au CNRS[1],[2]. Il rencontre aussi à cette période l'historien Jean-Pierre Vernant et l'anthropologue Louis Dumont. Il est ensuite, de 1964 à 1985 directeur d'études à l'École Pratique des Hautes Études, Ve section (Direction d'études : d'abord "Patristique latine" puis Théologie et Mystiques de l'époque hellénistique et romaine). En 1966, il épouse à Berlin Ilsetraut Marten, devenue Ilsetraut Hadot, érudite allemande, philologue classique et historienne de la philosophie[6]. En 1982 il est élu professeur au Collège de France sur une initiative de Michel Foucault. Il y enseigne jusqu'en 1990 et devient en 1991 professeur émérite.
Dès son entrée à l'École Pratique des Hautes Études, P. Hadot avait signé une renonciation volontaire aux diverses distinctions honorifiques attribuées par l'État Français telles que la Légion d'honneur, etc.
Spécialiste de Plotin et du stoïcisme, en particulier de Marc Aurèle, il est un de ceux qui ont insisté sur le fait que la philosophie antique[7] était d'abord une manière de vivre[8], un exercice spirituel, bref une pratique et pas une théorie, un pur champ universitaire comme elle l'est de nos jours. Il est également l'un des premiers à avoir introduit la pensée de Wittgenstein en France[8].
Il explique le problème récurrent de l'exégèse antique (à savoir des contradictions dans les écrits des auteurs, anomalies etc.) en renouvelant la vision que nous avions de l'univers spirituel où évoluaient les hommes de l'antiquité et celle de leur pratique, particulière, de la philosophie : les philosophes de l'Antiquité ne cherchaient pas tant un système de compréhension du monde, pas tant à informer leurs disciples, et à développer, comme cela a pu être le cas dans la philosophie moderne, des discours spéculatifs, conceptuels sans autres soucis : pour Pierre Hadot, la philosophie antique était avant tout pratique de l'existence, exercice spirituel, manière de vivre et de mourir. Ainsi, la transmission se fait par oral davantage que par écrit, s'appuie sur les réponses aux problématiques spécifiques des disciples dans un contexte particulier plus que sur le développement d'une thèse, et vise la pratique plus que la théorie (sans jamais éliminer celle-ci, puisqu'il ne peut y avoir de pratique sans discours philosophique), donc une pratique spirituelle et transformatrice de l'existence, ce qui peut expliquer les nombreuses contradictions qu'on peut trouver dans les écrits de l'Antiquité : ils répondent à des demandes, des besoins particuliers et concrets, souvent pratiques.
En développant ensuite les notions d'"exercice spirituel", de "vision d'en haut" (ou du cosmos), de rapport à soi etc., Pierre Hadot expose en fait, puisque l'historien est philosophe, puisque l'historien doit se faire philosophe, une véritable philosophie moderne de l'existence : une philosophie qui dévoile la pratique antique pour mieux nous la proposer. C'est un appel à une sagesse qui puise dans ces "laboratoires" universels de l'Antiquité occidentale, si proches de l'Orient de Confucius, de Bouddha et de Lao Tseu, ou encore de l'Islam, une sagesse humaine, qui renoue avec l'expérience et la pratique de soi, de l'autre, de l'existence et du cosmos. Appel salutaire également pour toute philosophie d'université : la logique, la physique, l'éthique, la morale, l'épistémologie ne sont pas des discours dont il faut se suffire : l'un doit servir à bien penser, l'autre à bien agir, un autre encore à bien vivre etc., voici la finalité de toute philosophie. On ne philosophe pas de 10h à 12h, et d'une dissertation à un concours, mais bien pour "sauver sa peau", et pour vivre autrement.
Directeur à l'École pratique des hautes études de 1964 à 1986 et professeur au Collège de France depuis 1982, son influence est croissante dans la pensée contemporaine. On peut citer notamment chez Michel Foucault (influencé par son livre sur les exercices spirituels, et qui l'a présenté au Collège de France, Michel Foucault développe dans les derniers volumes de son Histoire de la sexualité et l'Herméneutique du sujet, des thèmes proches de Pierre Hadot, même si celui-ci s'est expliqué plusieurs fois des convergences et divergences avec lui), André Comte-Sponville (notamment dans son Esprit de l'athéisme - Introduction à une spiritualité sans Dieu), Michel Onfray (grand admirateur de l'œuvre de Hadot, on pourra notamment en voir la mention dans le premier tome de sa Contre Histoire de la philosophie : les sagesses antiques), Rémi Brague (La sagesse du Monde), Luc Ferry (Qu'est ce qu'une vie réussie ?), Jacqueline Russ, etc.
Si l'apport des recherches de Pierre Hadot et de ses élèves de l'École Pratique des Hautes Études marque le dynamisme de la philosophie française dans son questionnement des philosophies hellénistiques et leur rapport au christianisme occidental, notamment s'agissant du retentissement du néoplatonisme à Rome (cf. Marius Victorinus) et sur le monde arabe, il n'en reste pas moins que les enjeux de ce foisonnement de recherches dépassent le cadre strict de l'histoire de la philosophie et de l'enquête historiographique ou archéologique réduite à une simple Quellenforschung (une recherche des sources). Certes, la thématique explicite de Pierre Hadot concerne la sagesse comme art de vivre, ou si l'on veut est indissociable de ses enquêtes sur les exercices spirituels dans l'Antiquité. Mais au-delà de la question de la philosophie comme "pratique de vie", assimilée ou non à ses équivalents orientaux, c'est aussi du côté de la rencontre entre la philosophie, les mystiques orientales, la formation des élites et le retrait hors du monde que l'œuvre de Hadot et de ses épigones fait sens. Pour s'en convaincre, il suffit de lire la thèse de 1969 sur Marius Victorinus, thèse qui interroge les lectures de Porphyre par Marius Victorinus, lettré romain chrétien.
Parallèlement à l'établissement des textes et à leur édition (notamment la nouvelle édition en cours des Énnéades de Plotin, ou du texte du Manuel d'Epictète au travers de l'œuvre d'Arrien), il est digne d'intérêt de remarquer que cet ensemble de travaux conduisent à renouveler à nouveau frais sur le cursus éducatif des élites (les arts libéraux), comme le fait justement Ilsetraut Hadot[9], ou à renouveler l'interrogation sur la manière dont les philosophes de la dernière Antiquité ont pu s'opposer au Christianisme[10]. On se demandera, par exemple, pourquoi la réflexion néoplatonicienne ne produira pas de philosophie politique à la hauteur d'un Platon ou d'un Aristote[11].
. 16mo pp. 216 Brossura (wrappers) Copertina leggermente fiorita. Firma di appartenenza alla prima pagina bianca (Yellowing of cover. Owner's name on the first blank page) Ottimo (Fine)