Virginie Linhart remonte le cours d'une histoire singulière, celle de sa relation avec sa mère, et chemin faisant, l'entrecroise avec la grande Histoire. Les dégâts causés par la Shoah, le mouvement de mai 68 et les conquêtes féministes des années 1970. De cette rencontre entre l'individuel et le collectif naît un admirable récit.
« Tu avais dix-sept ans alors, à peine, et tu as pris l'avion, seule, pour retourner à Hanoï. Tu vois, j'en ai vingt-trois aujourd'hui, et je retourne, seule, une nouvelle fois, sur les lieux de ton enfance. Tu es revenue et je reviens encore, chaque fois derrière toi. Je reviendrai peut-être toujours te trouver, trouver celle qui naissait, celle qui mourait, celle qui se cherchait, celle qui écrivait, celle qui revenait. Je reviendrai peut-être toujours vers celle qui revenait, vers les différents coffrets d'os, vers les couches de [...] passé qui passent toutes ici. »
Une mère, âgée, mais indépendante, se trompe de jour, de lieu de rendez-vous avec ses filles, achète des objets superflus et coûteux, oublie dans le coffre de sa voiture les fruits de mer bretons, et se lève la nuit, croyant partir pour une destination inconnue. Cette femme est la romancière Benoîte Groult, la mère de l'auteure. Bentoîte s'éteint en juin 2016, à 96 ans, écrivaine comblée, femme de combats remportés. Mais ce que ce livre raconte, ce n'est pas juste le deuil, hélas prévisible, d'une mère admirée et aimée, [...] mais un double deuil : voici le sens du titre, La mère morte. Le 1er avril 2016, la fille de Blandine de Caunes, Violette, 36 ans, est morte dans un accident de voiture. L'ordre du monde est renversé : Benoîte s'accroche à la vie, Blandine sombre, Violette n'est plus. De Benoîte Groult, sa fille a hérité de l'humour et la force vitale. Ce livre n'est pas triste, au contraire. C'est une réconciliation entre trois générations de femmes qui partagent le même "amour forcené pour la vie, toujours plus forte que tout", le credo de Benoîte transmis à Blandine