Sais-tu que l'arrière-arrière-arrière grand-père de Bach écoutait chanter l'eau de son moulin en jouant de la cithare et qu'à douze ans Jean-Sébastien jouait du clavecin, de l'orgue, du violon et de l'alto ?
À l'hiver 1705, Johann Sebastian Bach n'a que vingt ans. Il est organiste à Arnstadt, sa situation est établie, sa réputation solide. Qu'est-ce donc qui le pousse à braver le froid pour parcourir, à pied, les quatre cents kilomètres qui le séparent du maître de Lübeck - le compositeur Dietrich Buxtehude ? Car Bach se met en route. Devant ses pas se dressent des silhouettes familières, des ombres inquiétantes, des pièges et des consolations. Mais c'est surtout du silence et de la solitude que Bach fait l'expérience, d'une solitude [...] et d'un silence peuplés par la foi, en Dieu et en la musique. N'est-ce pas la noce de Dieu et de la musique que Bach tente de célébrer, seul dans la rigueur de l'hiver ? Serait-ce donc ainsi, en un mot, que Bach est devenu Bach ? Ce sont des questions que le roman rencontre. Mais il n'a pas prétention, il n'a pas vocation à trancher. Il invente. Il prend le parti de suivre un homme qui, dans un geste fou et sublime, décide de se mettre en marche et de fouler cent lieues de neige, pour aller se trouver, au nord de l'Allemagne, un maître parmi les maîtres. Au fond, tout cela n'est peut-être jamais arrivé. Mais quelle importance ?
"Si tu invitais trente personnes chez toi, des êtres que tu as aimés et que tu aimes, pour t'écouter jouer au clavecin, pendant une heure et demie, les Variations Goldberg de Bach, et si ce concert se déroulalit comme un songe d'une nuit d'été, c'est à dire si toi, Liliane, tu parvenais à faire vivre ces trente personnes comme autant de Variations, chacune à un diapason différent ...